Un suivi psychologique crucial après une chirurgie de l’obésité chez l’adolescent

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Rédigé par Estelle B. et publié le 6 mars 2020

En 2016, près de 60 000 interventions de chirurgie bariatrique ont été réalisées en France, la plupart sur des femmes. Parmi les patients ayant bénéficié de ces opérations, figurent des adolescents, dont la prise en charge psychologique, avant et après l’intervention apparaît essentielle. Explications.

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La chirurgie de l’obésité chez les adolescents

La chirurgie de l’obésité, ou chirurgie bariatrique, occupe une place de plus en plus importante dans la prise en charge de l’obésité, surtout dans ses formes les plus sévères. Elle peut également s’adresser à des adolescents, qui constituent une catégorie de patients particulièrement fragiles sur le plan psychologique.

En 2018, l’American Society for Metabolic and Bariatric Surgery insistait sur l’importance d’un suivi psychiatrique des adolescents, avant et après une intervention de chirurgie de l’obésité. Pour en savoir plus sur ces aspects, des chercheurs ont mené une étude sur 161 adolescents, âgés de 13 à 18 ans et présentant un Indice de Masse Corporelle (IMC) avant l’intervention supérieur à 40 ou supérieur à 35 mais avec une pathologie associée. Parmi ces participants :

  • 80 ont subi une chirurgie bariatrique ;
  • 81 adolescents témoins, ayant bénéficié d’un suivi conventionnel de l’obésité.

Les adolescents obèses, vulnérables sur le plan mental

Les chercheurs ont utilisé des données médicales issues de registres, mais aussi des données recueillies par des auto-questionnaires sur l’estime de soi, l’humeur et les habitudes alimentaires. Alors que l’IMC moyen des adolescents était initialement plus élevé dans le groupe « chirurgie », l’IMC était en moyenne plus faible dans ce groupe, cinq après l’intervention chirurgicale. La variation moyenne d’IMC dans le groupe « chirurgie » était de -13,1, contre +3,3 dans le groupe « contrôle ».

Sur le plan de la santé mentale, la proportion d’adolescents ayant eu recours à une prise en charge pour des troubles mentaux était similaire dans les deux groupes, que ce soit à l’inclusion ou après 5 ans de suivi.

Parallèlement, la proportion d’adolescents ayant reçu une prescription de traitement psychiatrique était similaire dans les deux groupes dans l’année précédant l’inclusion et après l’intervention. Les principaux troubles mentaux traités étaient :

Si la prise en charge des troubles mentaux et des troubles du comportement alimentaire était semblable dans les deux groupes, les données ont montré une prise en charge plus spécialisée chez les adolescents ayant subi une intervention chirurgicale. Ces adolescents montraient 5 ans après l’intervention une amélioration de l’estime de soi et des problèmes de comportement alimentaire, mais pas de l’humeur générale.

Un suivi psychologique capital pendant plusieurs années

Cette étude, bien que non randomisée, apporte un nouvel éclairage sur la santé mentale des adolescents obèses, bénéficiant ou non d’une chirurgie de l’obésité. Il apparait que les adolescents bénéficiant d’une intervention chirurgicale pourraient avoir un meilleur suivi psychologique et donc un meilleur accès aux soins.

Quelle que soit la prise en charge de l’obésité, les adolescents obèses semblent plus fragiles face aux problèmes de santé mentale, que les adolescents non obèses. De plus, après la chirurgie, les adolescents espèrent une meilleure santé à la fois physique et mentale. Cependant, environ 25 % d’entre eux présentent toujours des troubles mentaux à moyen terme. Ces résultats démontrent l’importance de la prise en charge pluridisciplinaire de l’obésité chez l’adolescent, avec un suivi psychologique sur plusieurs années.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– 5-year mental health and eating pattern outcomes following bariatric surgery in adolescents: a prospective cohort study. NCBI. Consulté le 28 février 2020.