Vos enfants seront ce que vous mangez !

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Rédigé par Hadrien V. et publié le 18 mars 2016

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Pour la première fois, un lien solide a été établi entre un désordre métabolique lié à la sur-nutrition et sa transmission à la descendance. Des expériences ont montré le caractère héréditaire du diabète de type 2 sans influence du comportement des parents, ni de la grossesse, ni de l’allaitement.

La piste épigénétique déjà évoquée

Nous avions déjà évoqué la piste épigénétique dans le développement d’un surpoids (voir ici). La recherche avait montré l’existence d’un interrupteur ON/OFF dans le déclenchement de l’obésité et de ses maladies associées. Il s’activerait ou non selon le contexte environnemental. Ces expériences avaient montré un premier lien entre l’obésité chez les parents et chez les enfants par un facteur biologique générationnel.

Les mécanismes épigénétiques désignent les processus physiologiques modulant l’expression ou la répression des gènes. Ils permettent à un génome de s’exprimer différemment selon l’environnement, au sens large du terme. Contrairement à l’hérédité génétique, l’hérédité épigénétique semble réversible.

L’obésité : un héritage nocif

Dans une nouvelle expérience, des chercheurs ont eu l’idée d’isoler les progénitures de souris diabétiques mâles et femelles en les fécondant in vitro (FIV) par une souris saine. Les caractères transmis aux descendants n’étaient donc influencés que par les cellules utilisées pour la FIV.

Johannes Beckers, professeur et coauteur de l’article, a déclaré que l’obésité avait été transmise aux descendances, « en particulier dans la progéniture femelle ». Les résultats ont en revanche montré des taux de glucose plus élevés chez les souris mâles. Enfin, les génitrices femelles auraient une « contribution supérieure » dans le changement du métabolisme des progénitures.

Cette recherche est un argument de poids pour prouver la relation entre l’influence d’une alimentation trop riche et l’expression des facteurs épigénétiques, et le lien entre ces facteurs et leur transmission à la descendance.

Le diabète, première maladie associée à l’obésité

Selon le professeur Martin Hrabe de Angelis, l’hérédité épigénétique serait « la cause majeure de l’augmentation globale (…) de la prévalence du diabète depuis les années 1960 ». Celui-ci explique qu’en à peine 50 ans, il est impossible que cette pathologie soit transmise par l’intermédiaire d’une mutation de l’ADN lui-même de façon quasi épidémique.

Dans les pays développés et en voie de développement, le diabète s’est propagé à une vitesse telle que seules 2 à 3 générations sont réellement concernées par la maladie. Un temps insuffisant pour envisager l’imputabilité de mutations transmissibles.

Bien entendu, ces études n’excluent pas l’influence des mauvaises habitudes alimentaires, souvent similaires entre les parents et les enfants.

Hadrien V. Pharmacien


Sources :
Peter Huypens & al. « Epigenetic germline inheritance of diet-induced obesity and insulin resistance ». Nature Genetics. 14/03/16
« You are what your parents ate! ». SciendDaily. 14/03/16