La nouvelle est tombée : la chirurgie de l’obésité, et notamment la sleeve gastrectomie qui représente 6 opérations sur 10, sera désormais une intervention réalisée en ambulatoire. Cette décision du ministère de la Santé et des Solidarités vient répondre à une politique d’économie de santé visant à ce que 70 % des interventions chirurgicales deviennent ambulatoire d’ici 2022 contre 53 % aujourd’hui.
La nouvelle prise en charge de la sleeve gastrectomie
Après la cataracte, les hernies discales ou les varices, c’est désormais au tour de la sleeve gastrectomie d’être catégorisée dans une prise en charge post-opératoire en ambulatoire.
À savoir ! Cette intervention, datant de 2004, a pour but d’enlever de manière définitive, et non réversible, les 2/3 de l’estomac chez les personnes ayant un IMC supérieur à 40 ou supérieur à 35 avec des pathologies associées (comorbidités). Cette procédure est réalisée sous cœlioscopie. Elle permet de réduire le volume de l’estomac et supprime une partie de l’estomac qui sécrète la ghréline, l’hormone de la faim. On note également une modification de la flore bactérienne stomacale qui va permettre de modifier la perception des goûts. L’objectif est de perdre les trois quarts de l’excès de poids dès la fin de la première année. Les comorbidités améliorables par l’intervention sont l’apnée du sommeil, l’hypertension artérielle et le diabète.
La sleeve gastrectomie, qui prenait auparavant trois heures, nécessite désormais seulement entre 30 et 50 minutes d’intervention chirurgicale sous anesthésie générale. Plusieurs causes viennent expliquer ce temps d’opération divisé par un facteur trois :
- L’expérience médicale et l’organisation du plateau technique ;
- Un nombre d’incisions réduites (des microincisions de quelques millimètres sont réalisées pour permettre le passage d’instruments chirurgicaux et des fibres optiques qui guident le geste chirurgical dans la cavité abdominale) ;
- Des outils performants comme des pinces intelligentes.
Une fois sorti du bloc opératoire, le patient est surveillé pendant dix heures. Puis en fonction de son taux de récupération, il peut rentrer chez lui. Avant cette décision du ministère de la Santé et des Solidarités, le patient opéré restait trois à quatre jours à l’hôpital. A présent, une prise en charge à domicile est mise en place avec des soins infirmiers (soins des cicatrices, injection d’anticoagulant) deux fois par jour pendant 3 semaines à un mois.
Cependant, le recours à l’ambulatoire n’est pas systématique et obligatoire et le patient peut décider de rester plus longtemps à l’hôpital ou à la clinique après son opération.
Des opérations multipliées par 21 en 20 ans
Les auteurs de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) rappellent les chiffres : « le nombre d’interventions a été multiplié par 21, passant de 2 800 en 1997 à 59 300 en 2016« . Du côté du profil des bénéficiaires, 80 % des opérations concernent les femmes et 75 % des patients sont âgés de 25 à 54 ans.
Si on regarde plus précisément les types de chirurgie, on peut noter que :
- La pose d’anneaux périgastriques est passée de 54 % en 1997 contre 4 % en 2016 ;
- Le recours à la sleeve gastrectomie était quasi inexistant en 2006 pour atteindre finalement, dix ans plus tard, 59 % des opérations en chirurgie de l’obésité.
La prise en charge s’effectue quant à elle majoritairement dans le secteur privé, mais la part des cliniques est en diminution passant de 82% en 1997 à 63% en 2016 au profit du secteur public.
Enfin, le rapport soulève une question importante sur ce taux de recours élevé à la chirurgie de l’obésité en France (8,4/10 000) comparativement à d’autres pays comme l’Angleterre (1,2/ 10 000) ou les Etats-Unis (6,1/10 000) touchés par une prévalence d’obésité plus importante. Les auteurs du rapport se demandent si ce phénomène traduit une meilleure accessibilité à cette chirurgie d’un point de vue budgétaire ou s’il témoigne de la mise en place, plus aléatoire, d’une chirurgie bariatrique en dépit de l’absence de comorbidités ?
Même si elle reste un traitement efficace contre l’obésité morbide puisqu’elle entraîne, en moyenne, une perte de poids de 20% à 30% la première année, cette chirurgie de l’obésité « ne doit pas faire oublier l’importance de la prévention, qui passe par des mesures de santé publique pour favoriser une alimentation saine et une activité physique régulière« , conclut la Drees.
Les premières interventions de sleeve gastrectomie en ambulatoire commencent sur le territoire français. Un prochain rapport, d’ici une année, permettra de faire le point sur l’efficacité et la sécurité de cette nouvelle mesure.
Julie P., Journaliste scientifique
– La chirurgie de l’obésité en ambulatoire ! CH de Valensiennes. Consulté le 27 juillet 2018.