Obésité et infections bactériennes graves : quel impact ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 16 juin 2021

On ne le répétera jamais assez, le surpoids et l’obésité représentent des facteurs de risque non négligeables de très nombreuses maladies. Serait-il néanmoins possible d’envisager l’obésité sous un autre angle ? C’est ce que suggère une récente étude suédoise selon laquelle un indice de masse corporelle plus élevé pourrait être lié à des taux de survie plus important chez les patients hospitalisés pour des infections bactériennes graves. Zoom sur ces résultats pour le moins étonnants.

Obésité et infections bactériennes

L’obésité et infections bactériennes graves, ses dangers pour la santé

L’obésité désigne une maladie chronique correspondant à une forme sévère de surpoids. Elle est aujourd’hui considérée  comme un trouble médical grave dont l’une des causes principales est la sédentarité des populations.

À savoir ! Des facteurs psychologiques contribuent parfois à l’obésité. Anxiété, dépression, stress ou traumatisme peuvent en effet provoquer un mécanisme de compensation incitant à une prise excessive d’aliments.

Lorsque l’obésité est qualifiée de « sévère » ou « massive », elle peut entraîner des difficultés dans la vie quotidienne et menacer sérieusement la santé du patient. Parmi les complications graves provoquées par l’obésité, on peut citer le diabète, l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie, les accidents vasculaires cérébraux ou encore l’arthrose des genoux…

Par ailleurs, l’impact délétère de l’obésité sur l’évolution de l’infection au SARS-Cov-2 est désormais reconnu et serait indépendant des pathologies métaboliques associées. En revanche, la communauté scientifique n’a pas encore clarifié l’impact éventuel de l’obésité sur les infections bactériennes graves. Dans ce contexte, une étude suédoise a cherché à déterminer comment l’indice de masse corporelle (IMC) peut influer sur l’issue des infections bactériennes graves.

Une étude aux résultats étonnants

Dans cette étude publiée dans la revue PLOS ONE, des scientifiques suédois ont analysé le lien entre indice de masse corporelle (IMC) et taux de survie de patients hospitalisés pour des infections bactériennes graves.

Pour mener à bien leurs travaux, les chercheurs ont surveillé sur une période de 9 mois une population de 2 196 adultes recevant des soins pour une infection bactérienne grave présumée à l’hôpital Skaraborg en Suède. Les chercheurs ont suivi les patients de cette population étudiée au fil du temps, pendant et après leur séjour à l’hôpital.

À savoir ! Les données ont été recueillies avant la pandémie de COVID-19.

Les scientifiques ont alors constaté que les chances de survie accrues étaient associées à un IMC plus élevé à court et à long terme, respectivement 28 jours et un an après l’hospitalisation. Ainsi, dans le groupe de patients présentant un IMC « normal », 26% étaient décédés dans l’année contre 9 à 17% dans les groupes avec un IMC plus élevé.

Des recherches à approfondir

Des enquêtes ponctuelles menées sur des petits groupes de volontaires avaient déjà montré des résultats similaires. Ces nouvelles découvertes semblent confirmer le « paradoxe de la survie à l’obésité »: le surpoids et l’obésité pourraient impacter de façon positive la  survie des patients en cas d’infections bactériennes graves.

Si dans l’ensemble, les résultats  de cette étude vont dans le sens d’un bénéfice relatif d’un IMC plus élevé en cas d’infections bactériennes sévères, ils indiquent également une incidence plus élevée.

Face à la croissance alarmante de l’obésité à l’échelle de la planète, les chercheurs de l’étude s’accordent donc à dire qu’il est nécessaire d’effectuer davantage d’études sur le sujet. Tout l’enjeu consistera à mieux connaître l’impact de l’IMC sur l’incidence, la forme et l’issue des différents types d’infections graves ainsi que les liens possibles avec la régulation du système immunitaire.

Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Obesity protects against death in severe bacterial infection. sciencedaily.com. Consulté le 14 juin 2021.
– Impact of obesity on outcome of severe bacterial infections. journals.plos.org. Consulté le 14 juin 2021.