Placer les émotions au cœur de la prise en charge de l’obésité

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Rédigé par Estelle B. et publié le 2 décembre 2019

Face au fléau mondial que constituent le surpoids et l’obésité, les axes de prise en charge se développent et, parmi eux, les thérapies émotionnelles. Récemment, une revue de littérature a examiné l’intérêt de ces approches, souvent peu connues, et qui pourtant pourraient s’avérer très utiles. Explications.

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Obésité et thérapies émotionnelles

En France, 17 % des adultes sont concernés par l’obésité, et de plus en plus d’enfants sont en surpoids ou obèses. La prise en charge de l’obésité repose principalement sur des mesures hygiéno-diététiques (régime alimentaire et programme sportif). Mais d’autres approches thérapeutiques existent, comme les thérapies émotionnelles.

Les chiffres sont en effet parlants. Selon les études, 57 % des adultes en surpoids ou obèses présentent une alimentation émotionnelle, c’est-à-dire que leurs émotions sont capables de conditionner leurs prises alimentaires. Peut-on alors envisager d’axer la prise en charge sur les émotions pour rééquilibrer l’alimentation et ainsi réduire la surcharge pondérale ?

Dans ce contexte, une revue de littérature s’est intéressée récemment aux différentes thérapies émotionnelles utilisées dans la prise en charge du surpoids et de l’obésité.

Des thérapies émotionnelles face à l’alimentation émotionnelle

L’alimentation émotionnelle consiste à s’alimenter, en réaction à des émotions négatives, intolérables, conscientes ou inconscientes. Dans ce contexte, les aliments gras et/ou sucrés sont ceux qui calment le mieux ces émotions, car ils agissent comme des signaux positifs pour le cerveau. L’alimentation émotionnelle est ainsi la principale cause des crises d’hyperphagies, fréquentes chez les sujets en surpoids ou obèses.

Face à l’alimentation émotionnelle, différentes thérapies émotionnelles peuvent favoriser deux étapes clés successives :

  • L’acceptation des comportements alimentaires compulsifs, des émotions négatives et de l’image du corps ;
  • Le contrôle de ses émotions et donc de son alimentation.

Méditation de pleine conscience et ACT

Plusieurs thérapies émotionnelles peuvent favorablement agir sur le contrôle et l’acceptation en cause dans le surpoids et l’obésité :

  • La méditation de pleine conscience (mindfulness en anglais) permet au patient d’adopter un statut d’observateur sans jugement sur les sensations physiques, les perceptions et les émotions ressenties. Elle offre au patient la possibilité de mieux ressentir sa faim et de dissocier ressenti émotionnel et comportement alimentaire. Quelques études ont montré son efficacité sur les crises hyperphagiques, mais elle semble moins efficace sur la perte de poids. Des programmes de méditation pleine conscience ont ainsi été élaborés pour les patients souffrant d’hyperphagie boulimique.
  • L’ACT (Acceptance and Commitment Therapy) (ou Thérapie d’Acceptation et d’Engagement) permet au patient de rediriger son énergie négative vers des actions qui ont une valeur positive pour lui, et non de manger pour lutter contre sa souffrance. Des études ont montré que l’ACT était efficace pour réduire l’envie émotionnelle de manger et l’insatisfaction corporelle. En revanche, elle semble peu efficace sur la perte de poids.

A partir des thérapies émotionnelles, différents programmes de prise en charge des patients obèses ont été développés, pour associer notamment une thérapie émotionnelle efficace sur certaines causes de l’obésité (comme les troubles alimentaires compulsifs) et une autre thérapie efficace sur la perte de poids. Les thérapies émotionnelles sont donc un complément essentiel dans la prise en charge du surpoids et de l’obésité.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Contrôle et acceptation : deux approches du surpoids et de l’obésité. Diabète Guyane Obesité. Consulté le 01 décembre 2019.