Obésité, un risque majoré de mélanome agressif

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Rédigé par Estelle B. et publié le 3 avril 2022

Selon les derniers chiffres publiés par Santé Publique France, plus de 15 000 nouveaux cas de mélanomes sont recensés en France chaque année. Les formes agressives de ces tumeurs cutanées sont associées à un pronostic souvent sombre. D’après une récente étude, l’obésité constituerait un facteur de risque à la fois de développer certaines formes de mélanomes. Mais aussi, l’obésité augmenterait le risque présenter un type de mélanome plus agressif. Un lien qui mettrait en cause les adipocytes. Explications.

obésité et mélanome agressif

Obésité et mélanome agressif

Au premier abord, il est difficile d’établir un lien entre les mélanomes, un type de cancer de la peau, et l’obésité, une pathologie chronique associée à une importante surcharge pondérale. Pourtant, l’obésité se révèle être un facteur de risque de développer plusieurs cancers, tels que :

Au-delà de constituer un facteur de risque de développer certaines tumeurs, l’obésité pourrait également en augmenter l’agressivité. Récemment, des chercheurs se sont intéressés aux mécanismes qui pourraient relier l’obésité et les mélanomes agressifs.

Une protéine suppresseur de tumeur en cause

Pour mieux comprendre comment l’obésité augmente l’agressivité des tumeurs, et en particulier des mélanomes, des chercheurs français ont étudié deux modèles de souris, génétiquement prédisposées à développer un mélanome. Un des deux modèles de souris présentait en parallèle une mutation génétique, affectant la synthèse d’une protéine (protéine p16). Cette protéine est impliquée dans le contrôle du cycle cellulaire (cycle de vie des cellules) et dans l’arrêt de la division des cellules cancéreuses (cellules anormales). Ainsi, elle joue le rôle d’un suppresseur de tumeur.

Pour évaluer l’effet de l’obésité, une partie des deux groupes de souris a suivi un régime hypercalorique. Les observations des chercheurs sont que, dans les deux groupes de souris, les souris obèses présentaient :

  • Un taux plus élevé de mélanome ;
  • Des mélanomes plus agressifs.

Les adipocytes responsables de l’agressivité de la tumeur

Mais les observations étaient également différentes entre les deux groupes de souris. Chez les souris déficientes en protéine p16, l’agressivité des mélanomes était accentuée, indépendamment du statut pondéral des souris. L’obésité et la déficience en protéine p16 auraient donc un impact similaire sur l’agressivité des mélanomes. Une hypothèse confirmée par l’analyse des niveaux d’expression de la protéine p16 chez les souris obèses. En effet, ces souris présentaient des taux plus faibles de la protéine suppresseur de tumeur.

Pour aller plus loin, les chercheurs ont travaillé sur les cultures de mélanomes et d’adipocytes (cellules graisseuses) murins et humains. Ils ont alors montré que la réduction de l’expression de la protéine p16 était induite par les adipocytes, via la libération massive d’une protéine spécifique, la béta-caténine. Ainsi, les chercheurs ont démontré comment l’obésité agit sur l’agressivité des tumeurs : par un effet sur la voie protéine p16-béta-caténine des adipocytes. Une voie qui pourrait constituer une nouvelle cible thérapeutique pour le traitement des formes agressives de mélanomes, en particulier chez les sujets en surpoids.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Adipocyte Extracellular Vesicles Decrease p16INK4A in Melanoma: An Additional Link between Obesity and Cancer. jidonline.org. Consulté le 28 mars 2022.
– Comment l’obésité augmente le risque de mélanome agressif. inserm.fr. Consulté le 28 mars 2022.