Obésité et appétit peuvent sembler intuitivement liés. Mais quels sont réellement les liens entre l’appétit, le surpoids et l’obésité ? L’obésité est-elle la conséquence d’un dysfonctionnement du centre de contrôle de l’appétit ou est-ce l’inverse ? Une récente étude publiée dans la revue scientifique Neuroimage Clinical tente de répondre à ces questions. Résultats.
Qu’est-ce que l’appétit ?
L’appétit correspond au désir de manger, alors que la faim est le besoin physiologique de s’alimenter. Les deux sont souvent confondus. Si la faim est déterminée physiologiquement par différents mécanismes, notamment hormonaux, l’appétit est sous la dépendance d’une multitude de facteurs :
- Des habitudes culturelles ;
- Le nombre et l’heure des repas ;
- L’environnement ;
- Le contexte social ;
- La saison ;
- L’état physique et psychique ;
- La prise de médicaments, certains médicaments augmentent l’appétit, d’autres le diminuent ;
- Les sens et la mémoire.
L’appétit n’est pas toujours corrélé avec nos besoins en nutriments. Il n’est pas forcément en cohérence avec les besoins de l’organisme, ce qui peut avoir des conséquences sur le métabolisme et la prise de poids. Par exemple, le manque d’appétit concerne de nombreuses personnes âgées hospitalisées, aggravant le risque de dénutrition.
Appétit et obésité
A l’opposé, l’appétit peut être supérieur aux besoins de l’organisme et entraîner un surpoids voire une obésité. Quels sont les liens entre l’appétit et l’obésité ? L’idée reçue selon laquelle un excès d’appétit pourrait être à l’origine du surpoids et de l’obésité apparaît quelque peu simpliste et mérite de plus amples investigations.
Dans une récente étude, les chercheurs ont utilisé des techniques d’imagerie, l’IRM structurelle (Imagerie par Résonance Magnétique), pour étudier l’hypothalamus de 1 351 participants, ayant différents indices de masses corporelles (IMC) compris entre la maigreur et l’obésité sévère. L’hypothalamus est une petite région du cerveau, qui assure la liaison entre le système endocrinien (système de production et de sécrétion des hormones) et le système nerveux autonome. Il régule de nombreuses fonctions, comme la soif, le sommeil, la température corporelle, la satiété ou encore la faim. Il constitue une région clé du cerveau pour le contrôle de l’appétit.
Le volume de l’hypothalamus fonction de l’IMC
Sur des modèles animaux, les chercheurs avaient déjà montré que la stimulation de l’hypothalamus, ou au contraire une lésion de cette région cérébrale, pouvaient altérer le comportement alimentaire et donc le poids corporel. Parallèlement, l’exposition à des régimes hypercaloriques provoque une inflammation de l’hypothalamus. L’hypothalamus apparaît donc comme une région clé qui régule à la fois la faim, l’appétit et la satiété, mais qui est également impactée par l’alimentation et le poids corporel.
Dans cette nouvelle étude, le volume de l’hypothalamus a été comparé entre des patients présentant :
- Une insuffisance pondérale, y compris des personnes souffrant d’anorexie mentale ;
- Un poids normal ;
- Un surpoids ;
- Une obésité.
Les données collectées ont montré que le volume de l’hypothalamus était significativement augmenté chez les personnes en surpoids ou obèses. Les chercheurs ont pu établir un lien entre le volume de l’hypothalamus et l’IMC dans un sous-groupe de participants. Reste désormais à déterminer les liens de causalité entre le volume de l’hypothalamus, l’appétit et l’obésité. Mais il semblerait que la composante neurologique de l’obésité soit une voie à explorer pour mieux comprendre cette pathologie chronique complexe.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
