Manger lentement pour prévenir surpoids et obésité infantiles ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 5 mars 2023

C’est bien connu, la sédentarité, le manque d’activité physique ainsi qu’une alimentation déséquilibrée constituent le terreau fertile au développement de problèmes de surpoids et d’obésité, particulièrement chez les enfants. Et si la vitesse des prises alimentaires pouvait également avoir un impact sur les facteurs de risques cardio-métaboliques des plus jeunes ? C’est la piste explorée par une récente étude espagnole. On fait le point.

Jeune fille entrain de manger une pomme lentement pour prévenir surpoids et obésité infantiles ?

Surpoids et obésité infantiles

Enjeu capital de santé publique à l’échelle mondiale, l’obésité infantile est une maladie en lien direct avec notre mode de vie moderne. En 2016, plus de 41 millions d’enfants à travers le globe présentaient un problème de surpoids, avec le risque de souffrir plus tôt de diabète et de maladies cardio-vasculaires. Un phénomène qui a ensuite été largement amplifié dans le contexte de la pandémie de Covid-19.

À savoir ! Résultant d’un déséquilibre entre les apports et les dépenses énergétiques, l’obésité se caractérise par un indice de masse corporelle supérieur à 30 avec une inflation des réserves stockées dans le tissu graisseux.

Plusieurs facteurs sont en cause parmi lesquels le manque d’activité physique, la sédentarité (notamment liée aux écrans) et la consommation accrue d’aliments très énergétiques à haute teneur en graisses et en sucres. D’où les actions préventives mises en place régulièrement par les pouvoirs publics de nombreux pays afin de faire changer les comportements et mauvaises habitudes alimentaires des populations. Et si la vitesse des prises alimentaires pouvait également avoir un impact sur les facteurs de risques cardio-métaboliques des plus jeunes ? C’est la piste explorée par des chercheurs espagnols.

Vitesse d’ingestion : quel impact sur le surpoids et l’obésité infantiles ?

Récemment, des études ont démontré que la rapidité des prises alimentaires et leur fréquence pouvaient avoir une influence sur l’adiposité et les autres facteurs de risques cardio-métaboliques chez les adultes et les adolescents. Manger vite était ainsi associé à une augmentation des apports caloriques, de l’indice de masse corporelle, de la prévalence de l’obésité et de certaines perturbations métaboliques. A contrario, manger lentement permettrait de mastiquer mieux, de ralentir la vitesse d’ingestion et de déclencher un signal de rassasiement à-même de limiter les apports alimentaires.

Forts de ce constat, des scientifiques espagnols ont cherché à savoir ce qu’il en était chez les enfants les plus jeunes. Pour cela, ils ont mis en place une étude prospective à  travers sept villes différentes incluant des enfants en bonne santé âgés de 3 à 6 ans entre 2019 et 2021.

Après avoir interrogé les parents sur la vitesse d’ingestion des repas de leurs enfants, les chercheurs ont réparti les enfants en  trois groupes : les « mangeurs lents », les « mangeurs moyens » et les « mangeurs rapides ». Ces premières données ont été complétées par différents types d’informations :

  • Les antécédents personnels et familiaux de chaque enfant (indice de masse corporelle de la mère, activité physique, temps de sommeil de l’enfant).
  • Le temps consacré à chaque repas : grâce à une échelle standard « Child Eating Behaviour » basée sur un questionnaire validé.
  • Les apports caloriques : grâce à un questionnaire de 125 items.
  • La qualité de l’alimentation : grâce à un questionnaire de 18 items dont 14 faisaient référence au régime méditerranéen.

Manger lentement : essentiel pour prévenir le surpoids et l’obésité infantiles

Après analyse et ajustement des données, les chercheurs ont pu observer chez les enfants « mangeurs rapides » une plus grande prévalence :

  • De surpoids/obésité
  • De périmètre abdominal plus important
  • D’indice de masse corporelle plus élevé
  • De pression artérielle plus élevée
  • De moindre adhésion au régime méditerranéen.

D’un point de vue biologique, les enfants « mangeurs rapides » présentaient des taux de glycémies plus élevés  mais les paramètres lipidiques n’étaient pas significativement différents.

En démontrant le lien entre la rapidité des prises alimentaires et une adiposité plus grande chez les jeunes enfants,  cette nouvelle étude semble confirmer les conclusions dressées par les études observationnelles précédemment menées sur des populations adultes. Certes, d’autres travaux restent nécessaires pour approfondir le sujet. Mais il serait judicieux de  communiquer à l’avenir auprès des plus jeunes sur l’importance de prendre le temps de manger, pour une mastication et  une digestion optimales ainsi qu’une meilleure prise de conscience des quantités consommées !

Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Ne mange pas trop vite ! jim.fr. Consulté le 23 Janvier 2023.
– Associations between eating speed, diet quality, adiposity, and cardiometabolic risks factors. reader.elsevier.com. Consulté le 23 Janvier 2023.