Cancer du foie : l’obésité joue-t-elle un rôle ?

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Rédigé par Estelle B. et publié le 14 novembre 2016

L’obésité concerne plus de 10% de la population mondiale et ne cesse d’augmenter dans de nombreux pays occidentaux. En France, elle concernerait près d’1 adulte sur 6. Déjà associée à de nombreuses maladies, pourrait-elle également augmenter le risque de cancer du foie ?

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Obésité, diabète de type 2 et cancer du foie

En France, près de 10 000 nouveaux cas de cancer du foie sont diagnostiqués chaque année. Aux USA, les cancers hépatiques ont triplé depuis les années 70. Quelles sont les causes de cette forte augmentation ? Quels sont les facteurs de risque de ce cancer généralement associé à un mauvais pronostic ? Répondre à ces questions est crucial pour concevoir des stratégies préventives du cancer du foie.

Plusieurs facteurs de risque ont déjà été identifiés pour les cancers du foie, en particulier les hépatites virales (hépatites B et C), l’exposition à des toxines de moisissures et l’alcoolisme chronique. Une récente étude suggère que la corpulence, l’obésité et le diabète de type 2 (diabète lié à l’âge) pourraient constituer des facteurs de risque du cancer hépatique.

Les chercheurs ont collecté des données sur 1 570 000 américains adultes pour étudier les liens entre obésité, diabète de type 2 et cancer du foie. Les participants de l’étude présentaient les caractéristiques suivantes :

  • Un âge moyen de 58,2 ans ;
  • Un indice de masse corporelle (IMC) moyen de 26,6 kg/m² (surpoids) ;
  • Un périmètre abdominal moyen de 89,8 cm (dans les limites de la normale).

Au début de l’étude, aucun patient n’a d’antécédents cancéreux. Parmi les participants, 6,5% sont atteints d’un diabète de type 2. Après leur inclusion dans l’étude, 2 162 participants ont développé un cancer du foie.


À savoir !L’IMC ou indice de masse corporelle se calcule en divisant son poids par le carré de sa taille. Calculez-le ici. En fonction de la valeur obtenue, plusieurs catégories sont définies :

  • < 16,5 : famine ;
  • <16,5 à 18,5 : maigreur ;
  • 18,5 à 25 : corpulence normale ;
  • 25 à 30 : surpoids ;
  • 30 à 35 : obésité modérée ;
  • 35 à 40 : obésité sévère ;
  • > 40 : obésité morbide.

L’obésité et le diabète de type 2 : deux facteurs de risque de cancer hépatique

Les résultats de l’étude indiquent que plus l’IMC augmente, plus le risque de cancer hépatique augmente. L’augmentation du risque est plus importante chez les hommes (+38 %) que chez les femmes (+25 %). Le même résultat est observé dans une moindre mesure avec le périmètre abdominal (+8%), sans différence de sexe.

L’augmentation du risque de cancer hépatique dépend de la valeur de l’IMC :

  • +21% en cas de surpoids ;
  • +87% en cas d’obésité modérée ;
  • +142% en cas d’obésité sévère ;
  • +116% en cas d’obésité morbide.

Par ailleurs, les diabétiques de type 2 ont 2,61 fois plus de risque de développer un cancer hépatique que les non diabétiques, et ce quel que soit l’IMC. Le diabète de type 2 serait donc un facteur de risque très important du cancer du foie.

Selon les chercheurs, l’obésité et le diabète de type 2 augmenteraient le risque de cancer hépatique par les mêmes mécanismes. Le phénomène central serait la masse graisseuse. Lorsque la masse graisseuse augmente (c’est-à-dire lorsque le poids augmente), des cellules graisseuses s’accumulent dans le foie. Cet excès de cellules graisseuses dans le foie provoque un remodelage des tissus hépatiques qui s’accompagne de fibrose et de cirrhose (altérations profondes et mort des tissus), mais aussi d’inflammation et d’insulinorésistance (phénomène responsable du diabète de type 2). Tous ces phénomènes sont connus pour leur contribution au développement du cancer hépatique.

Un facteur de risque plus important que les hépatites ?

Sur une partie de la population étudiée, les chercheurs ont analysé si les participants avaient été exposés aux virus des hépatites B et C. Les résultats obtenus au cours de l’étude s’avèrent indépendants des hépatites, mais aussi des autres facteurs de risque de cancer hépatique. Une analyse à plus grande échelle serait pertinente pour confirmer ce résultat.

Des études complémentaires sont désormais nécessaires pour déterminer si les résultats de l’étude s’observent sur des populations plus jeunes et de différentes origines ethniques. De même, le contrôle du diabète de type 2 (équilibre glycémique, traitement antidiabétique) n’a pas été pris en compte dans l’étude. Il serait intéressant de savoir si l’augmentation du risque de cancer hépatique est identique que le diabète soit équilibré ou non, traité ou non.

Cette étude met en avant que l’obésité et ses conséquences représentent un facteur de risque important de cancer du foie. Les chercheurs suggèrent que de tels résultats pourraient être retrouvés pour d’autres cancers (cancer de l’estomac, cancer colorectal, cancer du pancréas, du sein ou du poumon). De nouveaux arguments de choc pour prévenir et lutter contre le surpoids !

Estelle B. / Docteur en Pharmacie

Sources :

Campbell, P.T. et al. Body mass index, waist circumference, diabetes, and risk of liver cancer for U.S. adults. 2016. Cancer Research 76(20). doi: 10.1158/0008-5472.CAN-16-0787