Obésité de la femme enceinte, quel impact pour l’enfant ?

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Rédigé par Estelle B. et publié le 27 août 2023

Aux USA, une femme sur 4 en âge de procréer est en surpoids ou obèse. Quel est l’impact du surpoids et de l’obésité chez la femme enceinte ? Le fœtus est-il impacté par cette situation ? Une récente revue explique que l’état inflammatoire chronique associé à l’obésité est susceptible d’avoir un impact négatif sur l’enfant. Explications.

obésité grossesse

Obésité maternelle : un facteur de risque pour la grossesse et l’accouchement

En Europe, une femme sur 5 est concernée par l’obésité, une pathologie chronique qui n’est pas sans conséquences sur le déroulement de la grossesse et la santé de l’enfant à naître. L’obésité est d’ailleurs considérée comme un facteur de risque indépendant de complications maternelles et fœtales pendant la grossesse et à l’accouchement. Le risque augmente d’autant plus que l’obésité est sévère avant la grossesse, et le risque est également augmenté si la prise de poids au cours de la grossesse est excessive.

Les risques de l’obésité pendant la grossesse sont d’abord pour la femme enceinte elle-même, avec une augmentation du risque de mortalité pendant la grossesse, en lien avec des complications de l’obésité ou de la grossesse (hypertension gravidique, prééclampsie, diabète gestationnel, …). Les femmes sont également plus exposées à la dépression du post-partum, au risque infectieux, aux complications thrombo-emboliques, …. Mais le fœtus n’est pas épargné par les conséquences de l’obésité maternelle, avec des risques majorés de :

  • Malformations congénitales (anomalies de fermeture du tube neural, fentes oro-faciales, anomalies cardiaques, anomalies des membres, syndrome polymalformatif) ;
  • Poids de naissance élevé (macrosomie fœtale) ;
  • Mort in utero;
  • Obésité infantile ;

Les complications de l’accouchement sont également plus fréquentes chez les femmes enceintes obèses.

L’obésité maternelle impacte la santé de l’enfant sur le long terme

Pour expliquer l’impact de l’obésité maternelle sur la grossesse et l’enfant, les chercheurs mettent en avant l’inflammation chronique de bas grade provoquée par l’obésité. Dans la revue récemment publiée, les chercheurs font le point sur les connaissances acquises sur ces mécanismes inflammatoires et le rôle des cytokines pro-inflammatoires. L’obésité, comme la grossesse, contribuent à la formation de tissu adipeux, au relargage de cytokines pro-inflammatoires et à l’insulinorésistance. Tous ces facteurs entraînent des effets néfastes à court, moyen et long terme sur la santé de l’enfant.

L’inflammation chronique touche à la fois la mère, mais aussi le fœtus in utero. Ces enfants, exposés à un environnement pro-inflammatoire, présentent des risques majorés de développer des maladies chroniques : des maladies métaboliques, comme le diabète de type 2 ou l’obésité, mais aussi :

  • Des troubles neuropsychiatriques comme les troubles du spectre de l’autisme  ou les troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ;
  • L’atopie en cause dans l’eczéma ou dermatite atopique ou dans l’asthme ;
  • Certains cancers.

Les données s’accumulent pour comprendre comment l’inflammation chronique maternelle peut affecter les processus de développement du fœtus et induire des risques majorés de l’ensemble de ces maladies des années plus tard. Pour les auteurs de la revue, le rôle des cellules souches hématopoïétiques (les cellules à l’origine de toutes les cellules sanguines) devrait être davantage étudié.

Des mesures hygiéno-diététiques pour réduire les risques pour la mère et l’enfant

Les conséquences de l’obésité maternelle sur la santé de la mère et de l’enfant sont majeures et nécessitent une prévention et une prise en charge adaptée. Si possible, l’obésité doit être prise en charge avant la conception. Et pendant la grossesse, les femmes enceintes doivent limiter la prise de poids. La prise de poids doit être d’autant plus réduite que l’IMC (Indice de Masse Corporelle) avant la grossesse est élevé. Pour certaines femmes, elles ne doivent prendre aucun kg supplémentaire pendant la grossesse.

Les femmes enceintes souffrant d’obésité doivent par ailleurs respecter scrupuleusement les conseils suivants pour leur santé et celle de leur enfant :

  • Une alimentation saine et équilibrée, privilégiant les aliments à faible indice glycémique;
  • Une activité physique légère à modérée pendant 30 à 60 minutes, 3 à 5 fois par semaine pendant la grossesse et après l’accouchement.

Ces femmes enceintes et leurs enfants doivent être suivis régulièrement pour détecter précocement toute complication liée à l’obésité maternelle.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Risques maternels et infantiles associés à l’obésité préconceptionnelle et efficacité des interventions. www.revmed.ch. Consulté le 1er août 2023
– Maternal obesity and the impact of associated early-life inflammation on long-term health of offspring. Merve Denizli and al. www.ncbi.nlm.nih.gov. Consulté le 1er août 2023